Quantcast
Channel: Page non trouvée – independantes.quebec
Viewing all articles
Browse latest Browse all 122

Au Banquet: De la séduction

$
0
0

Le ministre des finances déposait cette semaine son budget. L’événement avait ceci de particulier que la réplique de l’opposition est venue non pas des porte-parole en matière de finances, mais des chefs de partis eux-mêmes. Un signe, selon les analystes, qu’il s’agissait d’un «exercice plus politique que financier». «Vous venez d’assister au lancement d’une campagne électorale» a lancé le chef libéral Philippe Couillard. Si le budget était à ce point électoraliste, il ne manquerait certes pas de plaire à la majorité des électeurs, d’où l’intérêt que présente ici le thème de la séduction.

Il ne fallait pas attendre d’éloge de la part du chef caquiste qui dénonce le «manque de transparence»; il souligne l’absence d’une projection détaillée des dépenses qui cacherait la nature d’éventuelles compressions. Pas plus de félicitations de la tête de Québec solidaire qui déplore un tel «budget d’austérité». Mais que penser de l’attitude des journalistes qui apparaissent déconcertés. Ainsi, le chroniqueur Francis Vailles s’avoue surpris de ce que, dans l’imminence d’une élection, un gouvernement «risque de se mettre à dos les parents, les médecins, les fonctionnaires, les commissions scolaires, les hôpitaux…». Donc, à première vue, le budget n’a rien pour séduire, et pourtant…

Le mécanisme de la séduction a été étudié jusqu’à maintenant sous l’angle de plusieurs disciplines scientifiques. Après Freud, le psychanalyste Jean Laplanche introduisait la notion de message adressé à l’inconscient. Les psychologues contemporains nous instruisent de l’importance de se montrer ouvert et réceptif à la personne que l’on désire approcher. La sociologie aborde le concept comme l’ensemble des protocoles visant à susciter une admiration. L’historien Christian Delporte a publié en 2011 une histoire de la séduction en politique. L’auteur cite en avant-propos une déclaration de Romain Gary présentant le général de Gaulle comme «un grand séducteur politique». Cela se vérifie au Canada où la Trudeaumanie a même fait des petits…

Le Québec encore une fois se distingue. La séduction, petite ou grande, évoque une mobilisation sociale bien concrète, parfaitement consciente et organisée méthodiquement. La petite séduction est une série hebdomadaire de Radio Canada qui, depuis 2005, mobilise la population d’une localité pour faire plaisir à un artiste. L’idée fait suite au film de Jean-François Pouliot La grande séduction, sorti en 2003. Encore l’histoire d’un village qui se mobilise pour qu’un médecin s’y installe, histoire qui révèle la perméabilité entre séduction et mensonge. Cinéaste et faiseurs d’images demeurent fidèles à la racine latine seducere qui se traduit littéralement par «tirer à l’écart, attirer…»

Nous étions ce village de bonnes gens qui démontraient une sorte de déficit d’être. Et par conséquent, sensibles à la flatterie, trop souvent en courbettes devant les capitaux étrangers, devant les cadeaux que nous fait Ottawa avec l’argent qu’il nous doit, devant les exigences des médecins… Cette fois, ce n’est pas la personne du ministre des finances qui séduit, c’est le projet de réforme structurelle des services hospitaliers. Dorénavant, réussiront à nous diriger intelligemment vers l’indépendance, ceux-là qui sauront nous convaincre de son efficacité. Nous sommes rendus là !

Liette Perreault


Viewing all articles
Browse latest Browse all 122

Trending Articles