Le congé des Fêtes n’aura pas suffi à calmer l’effervescence quasiment planétaire provoquée par le débat sur la liberté d’expression.
Aux Etats-Unis, Edward Snowden fait face à des accusations d’espionnage. Le crime de l’ancien sous-traitant de l’Agence de sécurité nationale (NSA), qui a trouvé asile en Russie, consiste au dévoilement d’un programme de surveillance électronique à portée internationale. L’action subversive de ce citoyen indigné menacerait la sécurité sur le continent. Danger !
En France, Dieudonné se voit interdire la représentation de son spectacle «Le mur». On lui reproche un discours antisémite haineux susceptible d’inciter à la violence contre les institutions juives. L’humoriste originaire du Cameroun tient sans retenue un discours raciste. Les propos indélicats de ce provocateur risqueraient de bouleverser l’ordre public. Danger !
Au Canada, les publications scientifiques sont depuis peu soumises à l’approbation des organisations fédérales qui les subventionnent. Les chercheurs pourraient fournir (par leurs études d’impact de l’activité humaine sur l’environnement) des arguments aux écologistes. Des conclusions alarmistes pourraient alors ralentir l’essor économique. Danger !
Trois pays souverains paraissent ainsi intensifier le contrôle étatique sur les communications.
La situation fut rapidement dénoncée par les plus ardents défenseurs de la démocratie. Par la presse écrite, mais davantage par les nouveaux médias sociaux, on apprend que Swoden est considéré comme un martyr par des gens de partout se réclamant de la défense des droits humains; que Dieudonné obtient le soutien de mouvements en faveur de la liberté artistique, non seulement dans les pays francophones où il s’était exposé, mais jusqu’à son Cameroun natal…
Chez-nous, dans ce pays encore en mal de souveraineté, chacun peut encore s’exprimer librement et sans crainte de représailles. Le sociologue et historien Gérard Bouchard en profite largement, ne se restreignant pas à une critique rigoureuse du contenu du projet de Charte sur la laïcité de l’État. En effet, le co-président de la Commission Bouchard-Taylor s’accommode bien de la permissivité québécoise, allant jusqu’à accuser les dirigeants péquistes de «falsification» des données et de «manipulation» de l’opinion publique. On fait appel aux vertus de la «majorité silencieuse», que l’on oppose implicitement au paternalisme méprisant des universitaires. […] On laisse s’éveiller dans une partie de la population des sentiments primaires de xénophobie et de peurs « irraisonnables » (le grand complot islamiste secrètement à l’œuvre au Québec. […] En matière de suppression de droits, on s’appuie sur le précédent créé par trois ou quatre pays ou régions d’Europe, en faisant abstraction de toutes les démocraties du monde qui ont choisi de respecter les libertés, y compris en Europe même. […] (La Presse, 10 janvier 2014, p. A13)
Ce discours me renverse! Je n’en suis pourtant pas à ma première désillusion! La période sombre des «livres à l’index» dans les écoles n’était pas terminée lorsque je fus admise à des études dites «supérieures». Je l’ai payé très cher… Fort heureusement, j’avais hérité du cran de ma mère Yolande, de grand-maman Amanda et de Léontine à Valentin. Le clergé tout puissant de mon enfance n’aura pas eu le dernier mot! D’autres experts se permettent actuellement de condamner au nom de la foi… en leur savoir.
Liette Perreault